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Dépistage du Diabète gestationnel

Test de O’Sullivan et Glycémie à Jeun

HAS

dimanche 29 avril 2007, par bluegyn_spip

FC a écrit :

- Pour les actes 0412 et 0413, le compte rendu doit indiquer la dose de glucose ingérée.

- Vous connaissez certainement ce document paru sur le site de la HAS

HAS-SANTE


- Visiblement ce document de référence de la haute autorité de santé mérite une lecture attentive, car à aucun endroit sur les 12 pages,

je dis bien à aucun endroit il n’est fait allusion à une quelconque indication voire à un quelconque intérêt médical démontrable de la glycémie à jeun dans la méthode de charge selon les critères de O’Sullivan à 50 gr /1 heure.

EXTRAITS CHOISIS

Je cite page 4

- Selon la plupart des recommandations existantes, le diagnostic du diabète gestationnel repose sur des tests de charge orale en glucose (HGPO).

- Les méthodes dites alternatives (dosages de la glycémie à jeun ou non, de la glycosurie, de l’hémoglobine glyquée) ne sont pas recommandées.

Seul intérêt dans la prédiction d’un diabète chronique

Diabète à distance de la grossesse chez la femme

- Chez des femmes ayant un diabète gestationnel, le risque de diabète à distance de la grossesse varie entre 2 % et 70 % selon les populations d’étude et leur durée de suivi, mais l’incidence réelle du diabète post-gestationnel est inconnue. Le principal facteur prédictif serait l’accroissement de la glycémie à jeun au cours de la grossesse, mais la place de l’IMC maternel reste à définir dans cet excès de risque.

Page 9

Pays

- Écosse

- Royaume Uni

  • Systématique
    • Oui

Méthode

- Glycosurie (à chaque visite) ET glycémie à jeun ou non (à la 1re visite et à la 28e semaine ou en cas de glycosurie positive)

Conclusion (page 8)

- 1. Il n’existe aucune preuve directe de l’efficacité d’un dépistage systématique ou ciblé du diabète gestationnel à partir de la 24e semaine de grossesse pour réduire la mortalité et la morbidité périnatales.

- 2. En revanche, le taux de macrosomie et de ses complications croît avec le niveau de la glycémie maternelle, mais les seuils diagnostiques et les seuils d’intervention ainsi quel’efficacité de la prise en charge restent discutés, notamment pour les « hyperglycémies modérées ».

- 3. Par ailleurs, le diagnostic et la prise en charge du diabète gestationnel ne seraient pas dénués d’effets indésirables : anxiété, accroissement du nombre de consultations et d’examens complémentaires, accroissement des taux de césariennes même en l’absence de macrosomie foetale, accroissement du taux de déclenchement et du passage en réanimation néonatale des nouveau-nés.


Conclusions

Il en est du test du diabète comme de la WHI

- Il y a ceux qui ne lisent que les conclusions de ceux qui ont lu et conclu le travail original à leur place en accordant aux conclueurs bien pensants une confiance qu’ils ne méritent pas à l’évidence. (C’est l’histoire de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours...)

- Il y a ceux qui lisent le travail original et qui sont capables de garder un esprit EBM critique pour conclure eux même selon leur propre expérience, leur propre "évidence" et leur propre jugement dans le respect du texte et de l’esprit du texte.

- Il apparaît donc à l’évidence du texte et de l’esprit de ces différents travaux originaux et collectifs décrit dans les recommandations qu’il y a

une confusion et un amalgame entre 2 tests de dépistage différents :

- 1. - Le test classique en 2 temps (O’Sullivan)

- 2. - Le test moderne en 1 seul temps (OMS)


Le test classique

- en 2 temps est parfaitement décrit par O’Sullivan

1. - 1er temps : Glycémie UNIQUE ET NON A JEUN APRES 50 GRAMMES DE GLUCOSE (page 4)

2. - 2eme temps : Si Glucose > 1,30 HGPO 100 grammes 3 heures 4 dosages

* DIAGNOSTIC DE DIABETE selon les critères de O’Sullivan revus par Carpenter et Coustan en 1982 (page11)

* 2 valeurs supérieures à la norme : 0,95 - 1,80 - 1,55 - 1,40


Le test moderne (OMS)

- en 1 seul temps cumule les épreuves Dépistage + Diagnostique

* - TEMPS UNIQUE

1. -* Glycémie à Jeun

2. -* Glycémie 2 heures après ingestion de 75 grammes de glucose

* DIAGNOSTIC DE DIABETE (Critères OMS) Une seule valeur pathologique suffit

1. -* Soit glycémie à Jeun > 1,26 gr/l

2. -* Glycémie 2 heures > 1,40 gr/l

ALORS MAINTENANT ON REPREND L’ESPRIT DU TEXTE ET SON OPPOSABILITE DEVANT LA LOI

- Eviter le désagrément et le coût des prélèvement répétés

Je pense que maintenant chacun est capable de tirer tout seul les conclusions qui s’imposent :

- Soit on demande un test de O’Sullivan à 50 grammes 1 heures et la glycémie à jeun n’a jamais été recommandée par un quelconque expert d’aucun pays (et toute la littérature qui va dans ce sens protège le médecin qui s’y rapporte)

  • Car elle augmente inutilement le coût et l’inconfort de la démarche diagnostique

- Soit on demande un test OMS à 75 grammes 2 heures avec 2 prélèvements conformément à la nomenclature (NABM)

  • Et dans ce cas, on ne fait plus d’HGPO à 100 grammes
  • Ce qui augmente un peu l’inconfort mais pourrait réduire sensiblement les coûts (puisque le diagnostic est posé sur 2 dosages, mais que ces 2 dosages sont IMPOSES à toutes)

Si la NABM prétend le contraire, elle est en contradiction avec la Haute autorité de santé et se trompe.

Je reprends donc la phrase initiale de FC

pour les actes 0412 et 0413, le compte rendu doit indiquer la dose de glucose ingérée.

Et je rajoute

- Si la dose est de 75 grammes le prélèvement à Jeun est bien entendu obligatoire car il est la base des critères OMS

- Si la dose est de 50 grammes la convocation par le labo pour un test à 100 grammes fait partie du protocole doit être réalisée au plus tard dans la semaine qui suit le dépistage.

Car les 2 TEMPS FONT PARTIE DE LA PRESCRIPTION INITIALE DU TEST et le retard au diagnostic pour non réalisation AUTOMATIQUE DE L’HGPO est donc parfaitement opposable au labo, ce qui pourrait expliquer sa préférence pour le test en 1 seul temps avec 2 prélèvements.



Voir en ligne : Document de l’HAS concernant le dépistage du Diabète Gestationnel


Merci à tous de votre participation constructive, (le débat sur le consensus n’est pas clos)

Merci à FC de nous avoir enfin permis de voir plus clair dans ce fatras de textes opposables qui s’opposent

Messages

  • Bonjour

    Pharmacien-biologiste exerçant dans le secteur privé, j’ai lu avec intérêt votre article sur le diabète gestationnel.

    J’aimerai apporter 2 remarques :

    1- Si la NABM prétend le contraire, elle est en contradiction avec la Haute autorité de santé et se trompe.

    La NABM ne prétend pas, elle impose une glycémie à jeun en cas de prescription isolée d’une glycémie post-charge (examen N° 0413)

    2- Car les 2 TEMPS FONT PARTIE DE LA PRESCRIPTION INITIALE DU TEST et le retard au diagnostic pour non réalisation AUTOMATIQUE DE L’HGPO est donc parfaitement opposable au labo, ce qui pourrait expliquer sa préférence pour le test en 1 seul temps avec 2 prélèvements.

    Sauf cas particulier (et un test de O’Sullivan "positif" n’en est pas un), un laboratoire d’analyses de biologie médicale n’a pas le droit de réaliser à son initiative une HGPO dans ce contexte, donc ce que vous affirmez est erroné : on ne peut pas opposer à un labo la non réalisation AUTOMATIQUE d’une HGPO si test de dépistage positif !

    Enfin, je vous recommande de lire les reflexions ci-dessous qui laissent entendre que le non-jeûne pourrait affecter les résultats d’un test de dépistage du diabète avec 50g de glucose :

    A jeun depuis trois heures" était le consensus des intervenants au

    symposium "Diabète et grossesse" qui s’était tenu lors du XII° congrès

    de l’IDF à Séville en 1985, mais il est exact que cela n’a pas été

    repris dans les recommandations qui ont été diffusées par l’ADA suite à

    ce symposium, probablement en raison du souci de formuler des

    recommandations les plus simples permettant la réalisation la plus

    fréquente possible du test, même si ces recommandations les plus

    simples aboutissaient à une sensibilité de dépistage un peu moindre.

    Contrairement à ce que vous pensez, il n’est pas établi que les

    résultats de ce test sont identiques à jeun ou non, au contraire.

    Ce sont les protocoles, issus des recommandations de l’ADA, qui précisent

    "il n’est pas nécessaire d’être à jeun" ou "à n’importe quelle heure de

    la journée", mais ceci ne signifie pas qu’un estomac vide aboutisse aux

    mêmes résultats qu’un estomac plein, lors de l’absorption du glucose.

    Un estomac vide ou plein n’aboutit en effet pas aux mêmes montées

    glycémiques, et ceci est d’ailleurs suggéré par les protocoles d’HGPO

    qui précisent "à jeun depuis 8 heures" (voire 10 heures) avant

    l’absorption du glucose.

    Et on peut légitimement se demander par quel

    mécanisme la prise de seulement 50 g (pour le test d’O’Sullivan)

    permettrait de se dispenser d’un estomac vide, alors que la prise de 75

    ou 100 g de glucose (pour l’HGPO) ne le permettrait pas ? Le contraire

    serait a priori plus cohérent.

    L’absorption intestinale des glucides, qui a lieu dans le grêle proximal,

    dépend étroitement de la composition du bol alimentaire, d’une part qui

    influence la vitesse de la vidange gastrique, et d’autre part qui a un

    effet à l’endroit même de l’absorption intestinale (effet de gel,

    micelles...).

    Les déterminants les mieux identifiés pour ralentir la

    vitesse d’arrivée du glucose dans les veines intestinales sont les

    graisses, les fibres ainsi que les protéines, mais il y aussi d’autres

    molécules notamment dans les végétaux. Ceci est d’ailleurs le fondement

    du concept d’index glycémique des repas : schématiquement tout aliment

    contenant des glucides entraîne une élévation glycémique moindre

    lorsqu’il est absorbé avec des graisses, des fibres ou des protéines,

    ou plus généralement avec des aliments ne contenant pas de glucides,

    que lorsqu’il est consommé seul.

    Un estomac n’est pas vide une heure après un repas, ni complètement

    vide deux heures après un repas de volume normal, et l’absorption de 50

    g de glucose dans les suites d’un repas ne peut donc pas aboutir à une

    absorption intestinale glucidique aussi franche que quand le glucose

    est ingéré dans un estomac vide. D’autre part, outre les nutriments

    encore présents dans l’estomac, le duodénum ou le grêle proximal, les

    sécrétions hormonales post-prandiales, tant systémiques que locales

    (incrétines), ne sont pas non plus retournées à leur situation basale,

    ni à leur capacité antérieure de réactivité post-stimulative. Les

    physiologistes qui étudient la biodisponibilité des glucides

    alimentaires postulent d’ailleurs tous l’existence d’un "effet repas

    précédent" et pour s’en affranchir s’astreignent à réaliser leurs

    expériences 12 à 14 heures après le repas de la veille !

    Autrement dit :

    - Sur le plan physiologique, le délai entre l’ingestion des 50 g de

    glucose et le repas précédent intervient dans la sensibilité de ce test

    de dépistage.

    - Sur le plan épidémiologique, l’objectif est par contre différent. Il

    s’agit d’obtenir que la réalisation du test permette de dépister le

    plus grand nombre, et pour cela les modalités les plus simples sont

    acceptables, voire même préférables, malgré une moindre sensibilité du

    test, si cela aboutit effectivement à permettre le dépistage du plus

    grand nombre.

    - Bien qu’elle soit de moindre sensibilité, on a préféré énoncer une

    procédure pouvant être réalisée facilement à tout moment en

    consultation, le matin comme l’après-midi, plutôt que d’énoncer une

    procédure risquant de conduire à un moindre nombre de femmes dépistées

    en raison de modalités plus contraignantes (par exemple aller au

    laboratoire à jeun le lendemain de la consultation).

    Ceci étant, il y a un autre point qui mériterait discussion, c’est

    l’heure de la réalisation du test étant donné les cycles nycthéméraux

    qui influencent la sensibilité vis-à-vis de l’insuline (une unité

    d’insuline est moins efficace le matin que le soir... ; un même petit

    déjeuner pris le matin est plus hyperglycémiant que quand il est pris

    comme repas du soir...). C’est donc la réalisation du test le matin à

    jeun qui permettrait d’espérer le meilleur dépistage... sous réserve

    que cette contrainte supplémentaire ne dissuade pas de la réalisation

    du test, avec au final un souhait de la meilleure sensibilité qui

    aboutirait au dépistage d’un moins grand nombre de femmes...

    Bien cordialement.

    Dr Paul ROESCH - Centre Hospitalier de Mulhouse

    Bien confraternellement.

    Patrick JOUBAUD

    Laboratoire des Tilleroyes

    25000 Besançon

    p.joubaud@wanadoo.fr

    • Bonjour,

      Je vous remercie de l’intérêt que vous portez à cet article et au dépistage du diabète gestationnel

      - On peut d’abord se demander l’interêt de dépister le diabète, en terme de service médical rendu

      - Si on veut faire un test de O Sullivan avec Glycémie à Jeun alors on ne l’appelle plus Test de O’Sullivan mais "Test de Charge à 50 grammes". C’était le plaidoyer de ce billet

      - Quant à l’HGPO qui ’doit" suivre, elle est évidemment prescrite EN MEME TEMPS que l’épreuve de Charge, en précisant "A faire aussitôt si la glycémie dépasse 1G30.

      - D’ailleurs je ne comprends pas pourquoi la glycémie à jeun du 1er temps qui n’est pas prescrite est OBLIGATOIRE, alors que l’HGPO qui est prescrite et fortement recommandée, ne serait pas automatiquement réalisée ???

      - Trève de polémique,

      • O’Sullivan est un test imparfait, et depuis la publication de cet article, je ne prescrits plus que des :

      TESTS OMS A 75 GR

      ET EN UN SEUL TEMPS AVEC

      - GLYCEMIE A JEUN

      - ET GLYCEMIE POST CHARGE A 2 HEURES.

      Reste à définir les critères d’intervention...

      Ayant pris notes de vos remarques judicieuses, je vous souhaite une bonne journée

      Au plaisir de vous relire

      Dr HILD